Nonseulement la psychanalyse s’est emparé de l’amour jusqu’à en faire sa chose mais, en en faisant sa substance, elle en a revêtu les traits, si bien que nous pouvons penser que la psychanalyse, c’est comme l’amour : ça se fait, ça se vit et le reste est littérature. Claude Le Guen 2 place de Seoul 75014 Paris Interview de Jacques-Alain Miller, propos recueillis par Hanna Waar Psychologies Magazine , octobre 2008, n° 278 Donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas, cette définition éblouissante fait sciller les yeux de qui regarde l’amour en face, lequel comme la mort ou le soleil risque de les lui griller. La psychanalyse parle bien de l’amour. Laissons-nous charmer par la musique que sait en tirer ici Jacques-Alain Miller. Parlez-moi d’amour dit la chanson, mon cœur n’est jamais las de l’entendre. C’est que les mots pour en parler nous mettent le cœur en fête et défaite, et que plus ça chavire et pire c’est mieux. Une chose reste sûre dans cette affaire c’est que l’amour se moque des protocoles. Philippe Grauer Jacques – Alain Miller Beaucoup, car c’est une expérience dont le ressort est l’amour. Il s’agit de cet amour automatique, et le plus souvent inconscient, que l’analysant porte à l’analyste et qui s’appelle le transfert. C’est un amour factice, mais il est de la même étoffe que l’amour vrai. Il met au jour sa mécanique l’amour s’adresse à celui dont vous pensez qu’il connaît votre vérité vraie. Mais l’amour permet d’imaginer que cette vérité sera aimable, agréable, alors qu’elle est en fait bien difficile à supporter. Hanna Waar Alors, c’est quoi aimer vraiment ? J-A Miller Aimer vraiment quelqu’un, c’est croire qu’en l’aimant, on accédera à une vérité sur soi. On aime celui ou celle qui recèle la réponse, ou une réponse, à notre question Qui suis-je ? » Hanna Waar Pourquoi certains savent-ils aimer et d’autres pas ? J-A Miller Certains savent provoquer l’amour chez l’autre, les serial lovers, si je puis dire, hommes et femmes. Ils savent sur quels boutons appuyer pour se faire aimer. Mais eux n’aiment pas nécessairement, ils jouent plutôt au chat et à la souris avec leurs proies. Pour aimer, il faut avouer son manque, et reconnaître que l’on a besoin de l’autre, qu’il vous manque. Ceux qui croient être complets touts seuls, ou veulent l’être, ne savent pas aimer. Et parfois, ils le constatent douloureusement. Ils manipulent, tirent des ficelles, mais ne connaissent de l’amour ni le risque, ni les délices. Hanna Waar Être complet tout seul » seul un homme peut croire ça… J-A Miller Bien vu ! Aimer, disait Lacan, c’est donner ce qu’on n’a pas. ». Ce qui veut dire aimer, c’est reconnaître son manque et le donner à l’autre, le placer dans l’autre. Ce n’est pas donner ce que l’on possède, des biens, des cadeaux, c’est donner quelque chose que l’on ne possède pas, qui va au-delà de soi-même. Pour ça, il faut assurer son manque, sa castration », comme disait Freud. Et cela, c’est essentiellement féminin. On n’aime vraiment qu’à partir d’une position féminine. Aimer féminise. C’est pourquoi l’amour est toujours un peu comique chez un homme. Mais s’il se laisse intimider par le ridicule, c’est qu’en réalité, il n’est pas assuré de sa virilité. Hanna Waar Aimer serait plus difficile pour les hommes ? J-A Miller Oh oui ! Même un homme amoureux a des retours d’orgueil, des sursauts d’agressivité contre l’objet de son amour, parce que cet amour le met dans la position d’incomplétude, de dépendance. C’est pourquoi il peut désirer des femmes qu’il n’aime pas, afin de retrouver la position virile qu’il met en suspens lorsqu’il aime. Ce principe, Freud l’a appelé le ravalement de la vie amoureuse » chez l’homme la scission de l’amour et du désir sexuel. Hanna Waar Et chez les femmes ? J-A Miller C’est moins habituel. Dans le cas le plus fréquent, il y a dédoublement du partenaire masculin. D’un côté, il est l’amant qui les fait jouir et qu’elles désirent, mais il est aussi l’homme de l’amour, qui est féminisé, foncièrement châtré. Seulement, ce n’est pas l’anatomie qui commande il y a des femmes qui adoptent une position masculine. Il y en a même de plus en plus. Un homme pour l’amour, à la maison ; et des hommes pour la jouissance, rencontrés sur Internet, dans la rue, dans le train… Hanna Waar Pourquoi de plus en plus » J-A Miller Les stéréotypes socioculturels de la féminité et de la virilité sont en pleine mutation. Les hommes sont invités à accueillir leurs émotions, à aimer, à se féminiser ; les femmes, elles, connaissent au contraire un certain pousse-à-l’homme » au nom de l’égalité juridique, elles sont conduites à répéter moi aussi ». Dans le même temps, les homosexuels revendiquent les droits et les symboles des hétéros, comme le mariage et la filiation. D’où une grande instabilité des rôles, une fluidité généralisée du théâtre de l’amour, qui constraste avec la fixité de jadis. L’amour devient liquide », constate le sociologue Zygmunt Bauman 1. Chacun est amené à inventer son style de vie » à soi, et à assumer son mode de jouir et d’aimer. Les scénarios traditionnels tombent en lente désuétude. La pression sociale pour s’y conformer n’a pas disparu, mais elle baisse. Hanna Waar L’amour est toujours réciproque » disait Lacan. Est-ce encore vrai dans le contexte actuel ? Qu’est-ce que ça signifie ? J-A Miller On répète cette phrase sans la comprendre, ou en la comprenant de travers. Cela ne veut pas dire qu’il suffit d’aimer quelqu’un pour qu’il vous aime. Ce serait absurde. Cela veut dire Si je t’aime, c’est que tu es aimable. C’est moi qui aime, mais toi, tu es aussi dans le coup, puisqu’il y a en toi quelque chose qui me fait t’aimer. C’est réciproque parce qu’il y a un va-et-vient l’amour que j’ai pour toi est l’effet en retour de la cause d’amour que tu es pour moi. Donc, tu n’y es pas pour rien. Mon amour pour toi n’est pas seulement mon affaire, mais aussi la tienne. Mon amour dit quelque chose de toi que peut-être toi-même ne connais pas. » Cela n’assure pas du tout qu’à l’amour de l’un répondra l’amour de l’autre ça, quand ça se produit, c’est toujours de l’ordre du miracle, ce n’est pas calculable à l’avance. Hanna Waar On ne trouve pas son chacun, sa chacune par hasard. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? J-A Miller Il y a ce que Freud a appelé Liebesbedingung, la condition d’amour, la cause du désir. C’est un trait particulier – ou un ensemble de traits – qui a chez quelqu’un une fonction déterminante dans le choix amoureux. Cela échappe totalement aux neurosciences, parce que c’est propre à chacun, ça tient à son histoire singulière et intime. Des traits parfois infimes sont en jeu. Freud, par exemple, avait repéré comme cause du désir chez l’un de ses patients un éclat de lumière sur le nez d’une femme ! Hanna Waar On a du mal à croire à un amour fondé sur ces broutilles ! J-A Miller La réalité de l’inconscient dépasse la fiction. Vous n’avez pas idée de tout ce qui est fondé, dans la vie humaine, et spécialement dans l’amour, sur des bagatelles, des têtes d’épingle, des divins détails ». Il est vrai que c’est surtout chez le mâle que l’on trouve de telles causes du désir, qui sont comme des fétiches dont la présence est indispensable pour déclencher le processus amoureux. Des particularités menues, qui rappellent le père, la mère, le frère, la sœur, tel personnage de l’enfance, jouent aussi leur rôle dans le choix amoureux des femmes. Mais la forme féminine de l’amour est plus volontiers érotomaniaque que fétichiste elles veulent être aimées, et l’intérêt, l’amour qu’on leur manifeste, ou qu’elles supposent chez l’autre, est souvent une condition sine qua non pour déclencher leur amour, ou au moins leur consentement. Le phénomène est la base de la drague masculine. Hanna Waar Vous ne donnez aucun rôle aux fantasmes ? J-A Miller Chez les femmes, qu’ils soient conscients ou inconscients, ils sont déterminants pour la position de jouissance plus que pour le choix amoureux. Et c’est l’inverse pour les hommes. Par exemple, il arrive qu’une femme ne puisse obtenir la jouissance – disons, l’orgasme – qu’à la condition de s’imaginer, durant l’acte lui-même, être battue, violée, ou être une autre femme, ou encore être ailleurs, absente. Hanna Waar Et le fantasme masculin ? J-A Miller Il est très en évidence dans le coup de foudre. L’exemple classique, commenté par Lacan, c’est, dans le roman de Goethe 2, la soudaine passion du jeune Werther pour Charlotte, au moment où il la voit pour la première fois, nourrissant la marmaille qui l’entoure. C’est ici la qualité maternante de la femme qui déclenche l’amour. Autre exemple, tiré de ma pratique, celui-là un patron quiquagénaire reçoit les candidates à un poste de secrétaire une jeune femme de 20 ans se présente ; il lui déclare aussitôt sa flamme. Il se demande ce qui lui a pris, entre en analyse. Là, il découvre le déclencheur il avait retrouvé en elle des traits qui lui évoquaient ce qu’il était lui-même à 20 ans, quand il s’était présenté à sa première embauche. Il était, en quelque sorte, tombé amoureux de lui-même. On retrouve dans ces deux exemples les deux versants distingués par Freud on aime ou bien la personne qui protège, ici la mère, ou bien une image narcissique de soi-même. Hanna Waar On a l’impression d’être des marionnettes ! J-A Miller Non, entre tel homme et telle femme, rien n’est écrit d’avance, il n’y a pas de boussole, pas de rapport préétabli. Leur rencontre n’est pas programmée comme celle du spermatozoïde et de l’ovule ; rien à voir non plus avec les gènes. Les hommes et les femmes parlent, ils vivent dans un monde de discours, c’est cela qui est déterminant. Les modalités de l’amour sont ultrasensibles à la culture ambiante. Chaque civilisation se distingue par la façon dont elle structure le rapport des sexes. Or, il se trouve qu’en Occident, dans nos sociétés à la fois libérales, marchandes et juridiques, le multiple » est en passe de détrôner le un ». Le modèle idéal de grand amour de toute la vie » cède peu à peu du terrain devant le speed dating, le speed loving et toute floraison de scénarios amoureux alternatifs, successifs, voire simultanés. Hanna Waar Et l’amour dans la durée ? dans l’éternité ? J-A Miller Balzac disait Toute passion qui ne se croit pas éternelle est hideuse 3. » Mais le lien peut-il se maintenir pour la vie dans le registre de la passion ? Plus un homme se consacre à une seule femme, plus elle tend à prendre pour lui une signification maternelle d’autant plus sublime et intouchable que plus aimée. Ce sont les homosexuels mariés qui développent le mieux ce culte de la femme Aragon chante son amour pour Elsa ; dès qu’elle meurt, bonjour les garçons ! Et quand une femme se cramponne à un seul homme, elle le châtre. Donc, le chemin est étroit. Le meilleur chemin de l’amour conjugal, c’est l’amitié, disait en substance Aristote. Hanna Waar Le problème, c’est que les hommes disent ne pas comprendre ce que veulent les femmes ; et les femmes, ce que les hommes attendent d’elles… J-A Miller Oui. Ce qui objecte à la solution aristotélicienne, c’est que le dialogue d’un sexe à l’autre est impossible, soupirait Lacan. Les amoureux sont en fait condamnés à apprendre indéfiniment la langue de l’autre, en tâtonnant, en cherchant les clés, toujours révocables. L’amour, c’est un labyrinthe de malentendus dont la sortie n’existe pas. Propos recueillis par H. W. 1 Zygmunt Bauman, L’amour liquide, de la fragilité des liens entre les hommes, Hachette Littératures, Pluriel », 2 Goethe, Les souffrances du jeune Werther, LGF, le livre de poche », 3 Honoré de Balzac, La comédie humaine, vol. VI, Études de mœurs scènes de la vie parisienne, Gallimard, autrechose en disant que l’amour, c’est le signe qu’on change de discours ».2 Lier l’amour comme signe d’un changement de discours, au discours de la psychanalyse, serait-ce nous renvoyer à l’élaboration de l’amour de transfert, en jeu dans toute cure ? Soit à la chute des idéaux, de l’idéalisation de l’Autre en quoi Des maux et des mots, source et ressources Amour Haine Psychanalyse Entre passion et pulsion ... Si amour vient sans détour du latin amare sur lequel se sont greffés ami, amitié, amical, aménité et amant ancien participe présent du verbe aimer, haine a une origine germanique, hassen », dont on retrouve la trace dans son équivalent anglais hate »… La simplicité apparemment sans mystère de l’étymologie de ces deux concepts témoigne-telle de leur inhérente complexité? La relation maternelle, en ce qu’elle a charnel et par là d’érotisant, préside aux configurations amoureuses ultérieures et leur confère sa tonalité. Mais qu’un seul terme existe pour dépeindre aussi bien l’attraction sexuelle entre un homme et une femme que l’attachement sensé être chaste entre parent et enfant, frère et sœur, ami et ami… ne va pas sans brouiller les pistes. Comme par ailleurs, là où le grec possédait deux termes Éros et Agapé pour distinguer l’amour possessif de l’amour divin, le latin ne nous en a légué qu’un seul, il est difficile de ne pas se perdre parmi ses nuances. On peut cependant convenir que l’amour est un mouvement d’attraction qui tend à réunir, tandis que la haine tendrait à diviser. Rarement pur, souvent teinté de cette passion dévastatrice qui le dénature, l’amour est parfois mis à mal. On l’aime mieux quand il lui résiste que lorsqu’il lui cède, c’est pourtant peut être cette mise à l’épreuve qui le renforce et le confirme. Ressource compensatoire comblant la faille que creuse l’absence d’un être cher, la haine procurerait à certains solitaires une jouissance comparable à celle qu’ils ne savent tirer de l’amour et dont les bénéfices, plus intellectuels que charnels, plus cérébraux qu’émotionnels, fantasmatiques que réels, ne seraient jamais satisfaisants. Perte, fusion, peur panique, rancœur, quelque en soit la cause apparente, on haïrait ce qui signifierait notre mort. Sensation de désaveu, de dépit ou de trahison, jalousie ravageuse, discrimination, impression d’étouffer ou de soudaine mise en danger, volonté meurtrière, soif de vengeance… nombreuses sont les pulsions destructrices qui incitent à la haine . Un voleur s’incruste dans l’intimité de votre appartement, un inconnu s’en prend à votre enfant… L’amour sera-t-il assez fort pour atténuer la blessure? Couvant parfois à l’insu de celui qu’elle habite, qu’elle s’exprime de façon impulsive ou donne lieu à des actes mûris, la haine, comme pour intensifier sa malignité dépasse le plus souvent ses causes c’est ce qui lui confère un caractère énigmatique. Mouvement violent, désordonné ou révélateur de désordre, qui prend racine dans une souffrance intime, elle s’impose en réponse à des menaces de mort, réelles ou fantasmées, entraînant celui qui l’éprouve, à contre courant de la promesse de vie. Ne pas aimer n’est pas haïr la haine n’est pas le contraire de l’amour, mais quand elle s’amorce, entre en jeu, se déclare à cœur ouvert ou agit en sourdine, entre deux personnes unies par un lien amoureux, elle transforme ce lien en son contraire, c’est-à-dire en inimitié. Traversant les générations, elle est tenace. Quand on lui offre de la résistance, elle insiste pour s’exprimer. Plus son objet est enfoui, mieux elle enfle, croît, infiltre, tendant à se révéler avec ruse ou violence comme pour ne pas se faire oublier. Impliquant une hostilité passagère ou définitive, à l’instant où elle s’exprime, l’amour, n’a plus de place et c’est de préférence au nom de ce dernier qu’elle l’efface…. Il doit être motivé pour ne pas sombrer… Elle l’appelle, elle le chasse. J’aime, je hais…le désespoir pointe, c’est l’asphyxie, on se sent partagé, torturé de ne savoir aimer qui on aime… Comment ne pas se haïr soi m’aime », comment ne m’aime pas se vautrer dans la haine » ? Va je ne te hais point », telles sont d’abord les paroles d’une femme, Chimène, à son amoureux, Rodrigue . Paroles d’une femme aimante, d’une femme confiante, d’une femme tranquille, d’une femme qui dans les premières années de sa vie a sans doute été bien aimée ». Paroles rassurantes pour affronter l’extérieur, telles sont aussi celles que souhaiterait entendre l’enfant qui a été grondé. Ou l’adolescent, lorsque sa volonté de s’éloigner aura provoqué un orage. Heureux témoignage d’amour que ces paroles de réconfort, quand les siennes, un instant plus tôt auront laissé transparaître, à travers rage, colère et autres manifestations agressives, un sentiment de détestation, face au dépit amoureux parental. Ce sont encore celles que nous aimerions tous entendre chaque fois qu’un besoin ou un désir d’ouverture sur l’extérieur provoque éclats ou tiraillements. Clefs pour la liberté, elles nous confirmeraient dans nos racines en autorisant la séparation sans porter atteinte à l’amour. Pour être de la haine, les mouvements agressifs d’hostilité ont besoin d’avoir été mûris. Père mère sœur frère oncle cousin voisin étranger …. Qu’elles soient présentes ou absentes, réelles ou symboliques, l’enfant se construit à travers ces figures, nourrissant à leur égard amour ou haine selon ce qu’il en reçoit et selon que ce qu’il en perçoit correspond à ses espérances ou les contrarie. La douleur est un mode de défense chez celui qui se sent blessé. Si à son expression s’associe souvent celle de la haine, porter atteinte à un point sensible n’est pas toujours un acte volontaire. Lorsque celui qui occasionne une blessure, qu’elle soit physique ou morale, na d’autre raison que de blesser pour blesser, on peut à juste titre dénoncer une hostilité de sa part. Mais la haine à l’état pur désarme et interroge sur ses limites celui qu’elle touche sans qu’il l’ait sciemment provoquée, et meurtrit qui n’avait pas l’intention de blesser. Écho probable d’un authentique désespoir, la haine n’en est pas moins un appel à la limite. C’est lorsque la frustration lui donne conscience de sa dépendance et de son impuissance que le nourrisson devenu agressif éclate de… rage ? de colère? de fureur? de désespoir? Est-ce pour autant de la haine ? Expressions de cette agressivité primitive, jalousie, envie, désir de posséder, résulteraient de la nécessité de la contrôler. Un enfant au comportement violent qui cogne hurle et chaparde sera peut-être un enfant dans l’incompréhension qui appelle au secours, désespéré par son impuissance à vivre sans souffrir. Mais l’enfant qui met au point – car il se sent lésé ou menacé dans ses privilèges - une stratégie pour détruire l’objet de son dépit, pourra lui être soupçonné de haine. Et si après avoir chipé l’argent du goûter du frère, piétiné le dessin de la petite sœur, détruit le portable du père… il ne se heurte pas à la loi, il partira probablement diriger son ressentiment contre la société. Si l’amour est reconnaissance de l’autre, c’est parce que l’on aime que l’on ne comble pas tout à fait. C’est parce que je t’aime et que je tiens à toi en vie que j’agis de façon telle que tu crois que je ne t’aime pas… pourrait-on lire sous certaines désapprobations hostiles. Que l’on soit mère fille maîtresse ou amante, père fils amoureux ou amant, adulte ou enfant, parfois l’amour nous abandonne pour laisser place à un sentiment… peu aimable qui allume un foyer de douleur et attise la peur. Un ami vous trahit et la rancune s’installe. Un enfant malade ? Un accident ? À qui la faute… Quand il s’agit de trouver un responsable, la haine a vite fait d’entrer en jeu avec sa dose d’irrationnel. La peur est un des sentiments qui y président le plus souvent. Peur de ne parvenir à être efficace, juste, bon… peur de ne pas réussir, peur d’être mis en danger,d’être dévoilé… Peur pour une belle mère que son fils lui échappe, peur … Peur pour une mère de ne savoir marquer les limites à son enfant dont l’appétit de vivre se traduit par un besoin d’indépendance qui soudain la dépasse tout emplie d’amour possessif pour son tout petit », happée par l’angoisse de ne savoir faire valoir son autorité, et perdant son sang froid, c’est avec agressivité qu’elle le laisse transparaître ou le dissimule. L’enfant, ni tout à fait maître ni tout à fait conscient de sa force, vivra la réaction maternelle comme du désamour ou un refus de le voir grandir. Un élan de haine en sera la réplique. Passagère, tel un langage parallèle qui traduit métamorphose et perturbations corollaires, cette haine » est nécessaire pour marquer la distance. Et, paradoxe de l’enfance, signifier son incompréhension dans l’espoir d’être compris !!! Afin que l’esprit ne s’aiguise à cette passion qui l’altère, un mot, un geste de sympathie, dans l’après-coup, s’ils ne sont pas dictés par la culpabilité, inviteront à sortir de la haine en désamorçant le cercle vicieux des offenses et des représailles, une fois l’agitation retombée. La haine est un rappel d’une blessure narcissique initiale. Souffre douleur ou complice, un enfant élevé dans la haine sera probablement un parent maladroit, inquiet quant à ce qu’il transmet à ses enfants. Une fille négligée, non appréciée pour les qualités inhérentes à son sexe. Un fils idolâtré qui fait figure de référence. Et la sœur devenue mère éprouvera des difficultés à aimer le fils dont la vision lui rappellera le traitement discriminatoire dont elle fût l’objet. Envie, rivalité, identification admirative, la gamme des sentiments fraternels varie entre haine et amour selon les âges, l’ordre d’arrivée, les humeurs, les époques, les enjeux. Quand l’un est attiré vers l’autre, celui-ci le rejette. À chacun sa part de déconvenue et l’expression de sa jalousie. Différente de l’un à l’autre, si elle n’est ni avouée, ni mise en mots, ni relativisée, grâce au soutien d’adultes aimants et responsables, la jalousie s’exacerbera sous l’effet des rivalités qui pour être naturelles n’en sont pas moins menaçantes. Et l’amour entre frère et sœur risque de n’être plus qu’un terme vidé de son essence sous le linceul duquel se cache la haine et le reflet de toutes les guerres. Guerre des peuples, guerres des civilisations, guerres des religions, guerre des sexes. Quand il s’agit de la volonté de prédominance de l’un sur l’autre, ou du refus du différent qui figure l’étranger menaçant, l’amour n’a pas de place. Ni les notions de partage, de rapprochement, de complémentarité, de répartition équitable, de réciprocité, ou d’aimable respect… Au culte du garçon correspondra la haine de la fille, et l’idolâtrie de cette dernière pour le premier en signera le mépris. Quand un sexe est magnifié, l’autre se vit sous estimé, et le ressentiment qu’il en conçoit se travestit en fascination aveugle faute d’avoir le droit d’être formulé. Guère plus salutaire qu’une inimité déclarée, l’adoration est plus le double de la détestation que la proche parente de l’amour. Par peur de troubler l’amour, la difficulté à le voir se transformer et l’angoisse de le perdre risquent de l’interdire dans sa nouvelle l’adolescence, avec l’éveil de nouveaux émois amoureux, les relations infantiles sont remises en jeu. L’attrait de l’aventure rend l’enfant impulsif, tandis qu’une appréhension de l’avenir le fragilise. Sa conscience s’aiguise, mais il n’a pas encore les ressources nécessaires pour assumer cette conscience. Amertume, dépit, confrontation, il ne faut pas céder à la peur de déplaire. Épisodique, non pathologique, la haine » occasionnée dans ce cadre marque la nécessité d’une juste distance. Constitutive de la formation du sujet, en ce qu’elle a de séparant et donc de structurant, elle l’autorise à aimer. Ailleurs. Autrement. Induite par un instinct de défense plus que par des pulsions meurtrières, une fois la séparation opérée, elle se dissipe. N’a plus de raison d’être sa fonction alors est avant tout symbolique. La haine à défaut de mieux est partie intégrante de l’amour quand elle autorise la séparation et la reconnaissance de l’autre en tant que tel. La dépendance, passée un certain âge est effrayante, et dès que la conscience de son emprise se fait ressentir, elle encourage l’être qui en souffre à des sentiments d’hostilité envers celui ou celle qui la lui fait subir. La violence verbale ou physique en est une des manifestations. L’automutilation une autre. Je m’enlaidis pour te forcer à te détacher de moi, tant pis si tu me détestes, mais ne m’aime plus comme tu m’aimes si c’est aimer que d’emprisonner ». Certains comportements adolescents suggèrent de façon maladroite au parent de lâcher prise… Le ne t’inquiète pas maternel », inquiète le jeune adolescent, qui doit affronter l’extérieur, plus qu’il ne le rassure dans la mesure où il intervient dans un domaine où seule la capacité à exercer sa séduction pourra le rassurer. Un excès d’attentions l’amène à souffrir. C’est moins la mère qui est en cause que la sensation d’enfermement provoquée par une relation devenue inadaptée et à laquelle il voudrait se soustraire, sans blesser ni se blesser, sans perdre son amour ni le désavouer, sans engendrer de plaintes maternelles ni subir de griefs… L’entrée dans l’adolescence suppose un réajustement des valeurs qui président à l’économie affective et familiale, et les parents doivent apprendre eux aussi de nouvelles façons d’être. En tant que parent, aider notre enfant à nous quitter… En tant qu’enfant aider nos parents à nous laisser partir. Si la culpabilité d’en aimer un autre que père ou mère peut inciter à la haine, c’est surtout quand la séparation s’opère mal, qu’elle pointe. On ne peut gagner sans perdre, exister à l’extérieur signifie être moins aimé à l’intérieur et renoncer à l’idéal symbiotique avec sa mère, avec l’univers. Menaçant autant qu’attirant, le dehors » met en porte-à-faux avec soi-même puisqu’il pousse à se détourner de qui on aime. Le propre de l’enfant tout au long de sa croissance étant de devenir autre, ses besoins s’écartent de ceux de ses parents au fur et à mesure qu’il grandit. Accepter qu’il soit un être toujours en devenir, donc toujours un peu étranger… ne signifie pas céder à ses exigences, mais les entendre et lui faire entendre qu’elles ont été entendues. C’est à travers l’attitude parentale - et le reflet de soi que l’enfant en conçoit - que la haine se justifie ou s’estompe. De la réponse en retour à ses impulsions agressives, unique façon pour lui de marquer sa différence dépendra son aptitude à aimer. En contre partie, la prise de liberté n’allant pas sans prise de responsabilité, l’adolescent doit apprendre de son côté à donner autant qu’à recevoir. Assumer ses actes. Assurer le fondement de ses choix. S’ouvrir au dialogue. C’est une des particularités de l’amour que de nous forcer à grandir avec lui … La haine qui lie à l’autre dans un rapport de force est le corollaire bien négatif d’un amour enfantin dont on ne parvient à faire le deuil. Alors même qu’on se réclame adulte à corps et à cris, ces cris prouvent le contraire de ce que l’on voudrait imposer par la force. Plus que de l’autre, la volonté dépend de notre aptitude à la traduire et à l’inscrire dans et pour le social. Parent ou enfant, même en matière d’amour, il s’agit de substituer au principe de plaisir celui pas si déplaisant… de réalité, en renonçant à son moi-total » et à l’autre comme source obligée de plaisir » . Là où l’amour est invoqué pour justifier des conduites de dépendance se cache souvent un sentiment mortifère. Douceurs, câlins ne sont pas, comme trop de fictions publicitaires le martèlent, synonymes d’amour mais d’attachement, d’appréhension de la réalité et d’invitation à la régression. La haine qui perce à l’adolescence préfigure celle dont le spectre nous hante au long de l’existence, prête à surgir dès qu’il s’agit de concilier l’inconciliable. C’est dans la difficulté d’établir une continuité entre intérieur et extérieur que se localiseraient ses germes. Brèche dans laquelle s’infiltrent toutes les fragilités et se font ressentir les tiraillements entre les deux mondes, l’intime et le social… Et toute autre dualité. Expression de l’impossible autant que de l’espoir, marque de la volonté de partage autant que de sa difficulté, elle n’a rien de honteux sinon à en nier l’évidence. Éprouvants sur le plan narcissique, les défis qu’elle nous lance ne sont pas sans intérêt à relever…Une bonne dose d’amour et d’humour aussi ! reste quand même précieuse pour résister aux assauts haineux de ses enfants dont l’alchimie sentimentale, amoureuse, affective …par delà apparences et liens de parenté…. ne s’apparente pas toujours à la nôtre !!! On peut entrer dans la haine par loyauté familiale. Ou choisir de ne pas y entrer Les sentiments hostiles ne sont pas forcément destinés à la personne au contact de laquelle ils surgissent. Mais en écho à des histoires enfouies dont chacun se fait le relais provisoire. Celui d’adversité prend sa source dans l’intimité de la personne qu’il ébranle, et s’exprime à propos d’une relation qui en évoque d’autres dont on porte les traces mnésiques sans en avoir la conscience. Du côté de l’enfant comme de l’adulte, l’interprétation subjective des réactions que suscite un conflit » est liée à l’émotion soudaine qu’avive la réactualisation d’un drame familial douloureux en son temps. Pouvons-nous dire que nous en avons non pas la science le ça-voir mais la co-naissance, au sens étymologique ce que l’on a avec la naissance »… Porteurs d’une histoire qui nous précède et nous dépasse, qui nous berce dès notre venue au monde avec ses passions et ses orages, nous lui appartenons peut-être encore plus qu’elle nous appartient. Pourquoi l’oncle X est-il à ce point haï ? Pourquoi la petite cousine » de soixante ans sert-elle de bouc émissaire depuis qu’elle en a six ? Et pourquoi par loyauté familiale ne peut-on voir la tante maudite alors qu’elle nous sert de guide intérieur ? Secrets inavouables et crainte de la révélation d’une infidélité obligent… On est comme on naît, plein aussi de la haine de nos ancêtres. Et en matière de haine familiale, il faudrait être capable de refuser son héritage, ou de le remettre en questions pour se libérer du poids du passé avant de se le réapproprier. Le vécu archaïque des parents peut orienter leur perception de façon négative. Comme pour confirmer un sentiment de haine qui lui préexiste, un fils ranimera par sa vitalité une jalousie haineuse dont le père enfant aura fait l’objet. Amorce de la répétition du passé parental, et double négatif en miroir, il est un des termes du transfert d’une relation ancienne qui échappe en fait à son pouvoir et à laquelle il ne peut mais… Il figure l’indésirable. Par réflexe, une mère, sensible aux tensions que provoque l’affleurement du passé impensé, tout à la frayeur d’en voir les spectres ressusciter, n’autorisera ni ne s’autorisera aucune manifestation agressive. S’empressant d’anticiper douleurs et débordements de l’enfant, elle instaure un amour de dépendance » dont Dolto dit qu’il est si près de la haine quand cet amour nous a barré l’accès à notre identité ». L’emprise psychologique ainsi exercée empêche la pensée de s’élaborer, pèse sur l’enfant, entrave ses prises de responsabilité, le maintient dans la dépendance. Inscrits dans la mémoire, des souvenirs planent qui guident les réactions quand rien dans l’actualité du sujet ne justifie d’inquiétude. Par loyauté familiale, on ressent de la haine pour quelqu’un dont on craint qu’il ne mette en danger la vie de son enfant. Une femme, dont le père aura été jugé fautif de la mort d’un petit frère, alors qu’elle était enfant, gardera en elle une appréhension du père » qui - si elle n’a pas été pensée - se reportera sur le père de ses enfants. Des bouffées de haine l’envahiront à l’occasion d’un geste anodin convoquant en elle le fantôme du père criminel ». Solidaire de ses parents par essence, tout en s’alliant en apparence à ceux qui les incriminent, l’enfant les défend inconsciemment et prend la haine en charge, comme un héritage inavouable. C’est celle-ci qui surgit, à l’âge adulte, face à cet autre père », par vagues incompréhensibles mais nourries de l’horreur qu’il ne soit lui aussi criminel. Parfois aussi inexplicable qu’implacable, quand la haine s’avance elle a été couvée à notre insu. À peine sait-on la reconnaître dans ses travestissements quand elle s’immisce au quotidien. Dépassant celui qui l’exprime, désarmant celui qui la subit, il faut du recul pour la reconnaître, quand elle n’a pas atteint un degré d’évidence pathologique telle celle qui nourrit les crimes. Ces sources véritables sont à chercher dans l’histoire. L’histoire d’une civilisation, l’histoire d’un peuple, l’histoire d’une peur, l’histoire d’une lignée ou d’une famille. L’histoire intime, presque toujours, le non-dit, le non-révélé, l’indicible, l’impensé, l’impensable. Un meurtre, un viol, un vol, une jalousie abusive, un crime déchirant enfoui au nom de l’amour ou de la bonne conscience, du devoir ou de la morale, de l’humanité, de la loi, de la foi, de la religion ou des apparences… et la haine s’installe, brasier discret qui s’alimente aux faits divers, aux injustices, aux anecdotes de la vie quotidienne et au profit duquel on impose l’omerta, au lieu de dénouer les liens qui ont mené à l’acte odieux. L’innommable. Le silence est un des foyers de la haine. Elle est là qui sourd et s’active quand on l’ignore. Détournant en douce l’énergie créatrice, attendant le moment propice de se traduire. Méprisant avec insolence ce qui la provoque dans le réel, elle se ressource dans l’enfoui, le refoulé, l’inconscient, mais lorsqu’elle agit, tout élément de la vie ordinaire peut être interprété à son avantage. Attaquante même sous des dehors langoureux, elle fait feu de tout bois. Et le haineux, lorsqu’il est possédé par sa passion reçoit toute tentative de rapprochement amical comme invitation…à la haine. Manipulation ou manœuvre malintentionnée, il faut alimenter les griefs… Toxique la haine rend dépendant celui qui s’en repaît. Négative, elle est le moteur de la division tandis que l’amour est celui de la réunion. Mais elle permet aussi le détachement tandis que l’amour autorise les attachements, jusqu’au plus abusifs. Bien comprendre les mots que l’on emploie permet de nous distancier des émotions qui nous agitent à contrecœur; de les relativiser en leur attribuant une plus juste valeur dans notre économie affective. D’éviter de transformer un sentiment de rejet, et la douleur mortifère qu’il génère, en haine. En matière d’amour et de haine, la parole libère mais les mots trop vite jetés sur un symptôme, une appréhension, un geste maladroit, peuvent emprisonner. Outils précieux pour communiquer entre semblables et différents, ils se figent parfois et perdent vie en neutralisant leur essence ; ou en dénaturant ce à quoi ils font référence. La haine ne serait ni le revers ni l’envers de l’amour. Souvent liées ces deux passions sont parfois comme des jumelles dont chacune aurait les moyens biologiques de son indépendance sans pouvoir en jouir tout à fait. La haine a sa propre dynamique on peut haïr un temps des gens que l’on n’a jamais aimés. Tel cet intrus qui nous persécute sans que l’on sache pourquoi. Ou ce voisin qui empiète avec arrogance sur notre terrain. La haine à l’état pur peut tétaniser celui qui en est l’objet sans raison si ce n’est celle de se trouver dans le champ de mire d’un haineux. Puissance de destruction, elle serait soumise à la pulsion de mort, quand de son côté l’amour irait dans le sens de la vie, du don et non de la privation, du lien et non de la séparation, de l’unification et non de la division. Il ne s’agit pas de souhaiter se rapprocher de celui qui fait preuve d’hostilité à notre égard, mais de mieux entendre les raisons d’aimer que celles de haïr et d’essayer de ne pas laisser détourner son énergie de ce et ceux qu’on aime au profit de ce et ceux qui nous détruisent. En général, même si nous avons couvé de la haine à l’égard de père et mère - se serait-ce que pour réaliser la séparation et parachever l’accouchement » - tout se passe avec le temps comme si on avait besoin de les aimer plutôt que de les haïr, quelques furent leur méchanceté et la gravité de leurs défaillances à notre endroit. Quand on a choisi de cultiver la vie. Quand on a eu la chance, le bonheur de pouvoir le faire aussi. Comme si haïr ses parents sans partage revenait à se haïr soi-même. Rien ne nous oblige à tout accepter sans discernement, mais rien ne nous autorise à tout rejeter avec haine. Il ne s’agit pas de pardon. Mais de devenir soi-même, par-delà les hostilités, avec nos ombres et nos lumières, nos contradictions et nos complexités. Apprendre à mieux se connaître, et par heureux contrecoup, mieux comprendre les autres. C’est le rôle entre autres de la psychanalyse aujourd’hui qui nous permet de voir, ce que nous croyions ça-voir, que nous sommes ni tout à fait le même ni tout à fait un autre ; et que la séparation est indispensable, même si elle doit admettre de la haine. C’est à ce prix que d’heureux et épisodiques rapprochements, quelle qu’en soit la forme, pourront se produire. La victoire de l’amour sur la haine et le détournement de ses pulsions agressives vers des buts nobles » est la démarche de toute une vie. Quand on est entré dans la haine, porté par un contrat familial, en sortir, apprendre à se soustraire à cette puissance qui nous affecte, à ne pas rester l’objet désigné d’un transfert appelle à la vigilance. Long apprentissage s’il en est un mais aussi ferment d’ententes qui préfèrent les relations d’amitié à celle d’inimitié. La peur Confiance Succès Le doute Abandon et sentiment d'abandon Plaisir Bonheur Le travail Séduction Petites et grandes dépendances Couper le cordon, introduction Comprendre l'anorexie Anorexie guérison

Lenombre de séances nécessaires ainsi que la durée des séances sont variables : en moyenne, 3 séances par semaine (de 30 min à 45 min). En outre, il faut savoir qu'une psychanalyse peut

Êtes-vous conscient de projeter des sentiments et des problèmes dans vos relations ? Que cela soit dans les relations amoureuses, avec nos amis, avec les membres de sa famille ou des collègues, beaucoup de conflits prennent naissance à cause de la projection de nos propres émotions sur les autres que nous transférons sur les autres tel un miroir. Alors, comment fonctionne cette projection psychologique et dans quelles circonstances avons-nous tendance à projeter sur les autres ce que nous avons à l’intérieur de nous-mêmes ? Au plus profond de nos esprits se cachent de nombreuses pensées et sentiments que nous aimerions nier. Ces désirs et ces impulsions sont si offensants pour la partie consciente de l’esprit qu’elle lance divers mécanismes de défense psychologiques pour les empêcher d’entrer. Une façon de le faire est de projeter ces sentiments sur d’autres personnes pour la plupart, mais aussi sur des événements et des objets dans le but d’externaliser le problème. La projection psychologique est un mécanisme de défense qui se produit lorsqu’un conflit survient entre vos sentiments inconscients et vos croyances limitantes. Afin de maîtriser ce conflit, vous attribuez ces sentiments à quelqu’un ou à quelque chose d’autre. En d’autres termes, vous transférez la propriété de ces sentiments troublants à une source externe. À lire aussi Comment parler à ses amis des violences qu’on subit ? Cette approche en psychanalyse provient originalement d’une théorie de Freud. C’est un moyen pour nos esprits de traiter les aspects de notre caractère que nous considérons comme problématique. Plutôt que d’admettre notre faille, nous trouvons un moyen de la corriger dans une situation externe à nous. En projetant ces failles, nous pouvons éviter d’avoir à les identifier consciemment , à en prendre possession et à y faire face. Tout ce qui nous irrite sur les autres peut nous conduire à une meilleure compréhension de nous-mêmes. » – Carl Gustav Jung Voici 9 exemples de projection psychologique les plus courants Attirance pour une personne autre que votre partenaire. Un homme ou une femme qui ressent un fort sentiment d’attirance pour une troisième personne projette ces sentiments sur son conjoint et l’accuse d’être infidèle. Ce blâme est en fait un mécanisme de déni pour ne pas se sentir coupables de leurs propres désirs pour une autre personne. Problèmes d’image corporelle. Lorsque nous n’aimons pas l’image de notre corps, nous pouvons choisir d’ignorer ces soi-disant défauts en saisissant chaque occasion de les repérer dans d’autres personnes. La projection vous permet de prendre le dégoût que vous pouvez avoir pour votre apparence et de vous en éloigner en la concentrant sur d’autres personnes. Ne pas aimer une personne. Lorsque nous n’aimons pas quelqu’un, nous cherchons parfois à projeter ce sentiment sur elle afin que nous puissions justifier une raison de la détester. Nous ne sommes pas disposés à l’admettre consciemment, donc nous croyons que c’est l’autre qui ne nous aime pas. La jalousie. Si nous devions vraiment dire pourquoi nous n’aimons pas une personne, nous nous retrouvons souvent face à face avec des qualités que nous aimerions avoir, donc nous jugeons l’autre pour ce que nous n’avons pas. Insécurité et vulnérabilité. Lorsque nous ne nous sentons pas sûrs de certains aspects de nous-mêmes, nous cherchons des moyens d’identifier une certaine insécurité chez d’autres personnes. C’est souvent le cas avec un comportement d’intimidation où l’intimidateur ciblera les insécurités des autres afin d’éviter de traiter ses propres préoccupations. C’est pourquoi ils rechercheront les individus les plus vulnérables qui peuvent être facilement attaqués sans risque de représailles émotionnellement douloureuses. La colère. Afin de masquer la colère qui peut faire rage à l’intérieur, certaines personnes la projettent sur ceux avec lesquels ils sont en colère. Nos comportements irresponsables. Nous n’aimons peut-être pas l’admettre, mais nous adoptons tous des comportements qui pourraient être considérés comme irresponsables. Pour éviter les sentiments de remords, nous projetons notre irresponsabilité sur les autres et les critiquons pour leurs actions. Nos échecs. Lorsque nous nous percevons comme ayant échoué à quelque chose, il est courant pour nous de pousser les autres à réussir cette même chose, sans se rendre compte que cela est une tentative de nier notre propre échec. Prenons par exemple l’athlète raté qui force son enfant sur la route sportive dans le but inconscient de réaliser son rêve au travers son enfant. Nos qualités et réussites. C’est l’un de ces rares cas où nous projetons des aspects positifs de notre propre personnalité sur les autres. La projection peut être une chose consciente, mais la plupart du temps, elle a lieu sous la surface en fonction de l’inconscient. Cet élément de la psychologie peut sembler efficace pour défendre notre esprit contre la douleur, mais il y a deux problèmes fondamentaux qui vont à l’encontre de cet argument La projection nous fait nous sentir supérieurs à tous les autres car elle nous permet de négliger nos propres défauts et insuffisances tout en affinant simultanément ce que nous percevons comme imparfait chez les autres. Tant que nous continuons de nier l’existence de ces sentiments, aucun mécanisme ne peut nous aider à les combattre et à les surmonter. Ce n’est que lorsque nous acceptons qu’ils font partie de nous que nous pouvons commencer à travailler à travers eux et finalement nous en débarrasser complètement. La projection est souvent préjudiciable à nos relations avec les autres, donc toute tentative de l’éradiquer comme une habitude en vaut la peine. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de reprogrammer la partie inconsciente de son cerveau et nous pouvons réaliser à peu près n’importe quoi si nous prenons d’abord le temps de le reconditionner. Pour aller plus loin Pourquoi le manipulateur narcissique se place en position de victime ? Comment guérir nos blessures d’enfance avec la reprogrammation du subconscient ? Lorsque vous êtes capable d’affronter de front des sentiments indésirables, vous constaterez qu’ils sont beaucoup moins drainants ou dommageables à long terme. Francis M. par Simplement Francis Je suis le fondateur de ce site, une communauté multi collaborateurs ayant une portée rejoignant sur les médias sociaux des millions de personnes chaque mois.... Visiter le site web Écrire à Simplement Francis Suivez Francis M. 💙 sur les médias sociaux Cet article vous a-t-il été utile ? Partagez-le avec vos amis! Dernières publications de Francis M. 💙 Toutes les publications de Francis M. 💙 Top articles du mois Vous aimerez aussi SuiteAvis de non-responsabilité Les propos et les conseils de cette publication, incluant les produits et services offerts, sont le point de vue de son auteure, de ses croyances, de son expérience de vie et/ou professionnel. Les Mots est un magazine collaboratif d'inspirations ouvert à tous, donc, nous nous dégageons totalement de toutes responsabilités du résultat de son application. Pour toutes problématiques de santé physique et/ou psychologique, il est conseillé de choisir avec discernement et de consulter un spécialiste médecin, psychologue, services sociaux, etc. afin d’arriver à mettre l’information dans le contexte de votre réalité. Lapsychanalyse parle bien de l’amour. Laissons-nous charmer par la musique que sait en tirer ici Jacques-Alain Miller. Parlez-moi d’amour dit la chanson, mon cœur n’est jamais las de l’entendre. C’est que les mots pour en parler nous mettent le cœur en fête et défaite, et que plus ça chavire et pire c’est mieux.

Que peut la psychanalyse dans l'amour? Quels remèdes au chagrin d'amour? Avec Sarah Chiche, clinicienne et psychanalyste, auteur de "Une histoire érotique de la psychanalyse" Payot , 2018 et Pacôme Thiellement, essayiste et vidéaste, auteur de "Sycomore Sickamour" Puf, 2018. L'amour sur le divan, avec Sarah Chiche, écrivaine et psychanalyste, auteur d'Une histoire érotique de la psychanalyse de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui Payot, 2018. Ce que je tenais à saluer, c’est le courage de ces femmes, ces héroïnes, et ces femmes anonymes aussi, qui ont peut-être un savoir particulier sur la douleur. Sarah Chiche Une histoire de l’amour en psychanalyse et une histoire féminine, qui revient sur le rapport des femmes au désir et sur leur rôle fondateur, les présentant à la fois comme inspiratrices, créatrices et théoriciennes de la discipline. Quand on tombe amoureux de quelqu’un, on tombe amoureux du grand théâtre qu’il porte en lui et du théâtre d’ombres de nos morts, des gens qu’on aime… Sarah Chiche En une cinquantaine d’histoires, d'Anna O. à Marie Bonaparte, en passant par le prétendu triangle amoureux Freud-Martha-Minna Bernays et par l'homosexualité probable de sa fille Anna, l’ouvrage retrace notre rapport à la psychanalyse et donc au sexe, à l’amour et à la liberté. En dialogue avec l’écrivain Pacôme Thiellement, qui nous parle du mal d'amour dans Sycomore Sickamour PUF, 2018. Cliquez ici pour écouter la première partie de l"émission "Pacôme Thiellement, malade d'amour"

Lapsychanalyse et l’amour • Alain Vanier • Nous avons essayé de penser le sexuel avec la psychanalyse. Or, Éros se révèle aujourd’hui être aussi bien une question érotique que
Il n’est jamais bon de trop s’attacher à une personne jusqu’à en arriver à s’oublier totalement ou à souffrir. Quand on en est à ce stade c’est que l’on se trouve dans obsession amoureuse. Celle-ci touche à la fois les célibataires qui idéalisent un amour impossible comme les personnes en couple qui font en sorte que leur vie tourne autour de leur partenaire. Autant vous dire que ceci est à la fois dangereux pour votre épanouissement personnel mais également le cas échéant pour votre histoire d’amour qui se trouve fragilisée. Dans cet article j’aimerais vous apporter les clés afin de mieux comprendre les sources de l’amour obsessionnel, aussi appelé One Itis, mais surtout les solutions pour ne plus avoir à vivre ce phénomène ou à subir l’obsession amoureuse de la personne qui partage votre vie. Obsession amoureuse psychologie et définition ! Pour vaincre une problématique d’ordre sentimental il faut impérativement l’analyser. Ainsi, pour surmonter une obsession amoureuse il va falloir que vous parveniez à la bien la comprendre. En effet, chaque personne à une façon qui lui est propre de surmonter sa fixation amoureuse. Alors avant de même de vous demander comment ne plus être obsédée par une personne en amour, vous allez devoir effectuer un travail pour mieux percevoir ce phénomène afin d’adopter le plan d’action adéquat. Qu’est-ce que le One Itis ou l’obsession amoureuse ? Au niveau de la vie sentimentale l’obsession amoureuse est un des pires fléaux parce que non seulement elle démolie la confiance de la personne qui en est à l’origine, mais en plus elle détruit la vie de celui ou celle qui doit la subir. Ainsi, avoir un amour obsessionnel ce n’est pas avoir des sentiments classiques » qui apportent du bonheur. Cet amour se transforme en réalité en quelque chose de maladif qui fait souffrir. Ce phénomène de fixette amoureuse provoque un état de frustration lié aux sentiments qui peut apparaître dans la vie de couple mais également quand on est célibataire. Les 3 causes de l’obsession en amour Bien souvent on pense que l’obsession amoureuse est la conséquence d’une dépendance affective. Ce qui n’est pas faux en soi. Mais il existe également une deux autres origines à l’obsession pour un homme ou pour une femme. Il s’agit d’un manque de confiance en soi présent depuis toujours, ou qui était latent et le fait d’avoir été victime d’une trahison amoureuse. Les hommes et les femmes qui ont une pensée obsessionnelle ont souvent l’impression que la personne est meilleure qu’eux ou elles et qu’il est normal de se comporter ainsi. Il est essentiel, de comprendre que ce n’est pas une problématique de séduction, de sentiments mais bel et bien de développement personnel et de confiance en soi. Les habitudes que vous avez dans votre couple, la manière dont vous vivez votre relation, dont vos sentiments se développent provoquent un manque d’estime de soi. Votre obsession pour une personne n’est pas apparue par hasard mais parce que cet homme ou cette femme est spéciale à vos yeux et que vous craignez de le/la perdre. Mais en même temps, vous l’auriez aussi ressenti pour quelqu’un d’autre à un moment donné. Je suis conscient que cela remet en cause ce que vous ressentez mais vous avez besoin de changer pour vous sentir mieux. Cette fixette peut être contrôlée mais vous devez d’abord le vouloir et mettre les bonnes actions en place en fonction de la cause mais aussi des symptômes de votre obsession sentimentale. Les symptômes de l’obsession amoureuse Afin de combattre efficacement l’obsession affective, et de savoir comment s’y prendre pour lutter, il faut la cibler et savoir de quelle manière elle se manifeste. 1/ La peur d’être seule est bien trop forte ! Lorsque l’on est en couple il est évident que l’on ne doit pas se projeter, et se voir célibataire ou penser négativement, quant au futur du couple. Néanmoins, lorsque cette obsession se fait de plus en plus présente l’une de ses caractérises les plus visible est le fait d’imaginer qu’il/elle va rompre à tout moment ou pour les célibataire que l’on ne parviendra jamais à le/la séduire. Peu importe le comportement de votre partenaire ou votre cible, vous avez l’impression de ne pas être assez bien pour lui/elle, et que la rupture est forcément la solution qu’il/elle va envisager. Vous avez le sentiment d’être dans un amour à sens unique. 2/ La jalousie prend le dessus Faire une petite crise de jalousie de temps en temps, demander qui est la nouvelle fille ou le nouveau mec sur ses réseaux sociaux n’est pas spécialement alarmant. Cependant, quand vous passez plus de temps à fouiller son téléphone ou ses poches qu’à profiter de la relation alors c’est une problématique. Quand vous ne faites jamais confiance à votre partenaire peu importe ses efforts non pas parce qu’il/elle mérite d’être surveillée mais uniquement parce que vous manquez de confiance, il faut rapidement agir ! Si vous êtes célibataire et que vous commencez à le/la questionnez, que vous devenez jalouxse de son entourage, et que vous commencez à faire des crises, reprenez vous vite parce que vous tombez dans une obsession amoureuse qui risque de vous faire perdre tout crédit auprès de la personne que vous convoitez. 3/ La possessivité est quotidienne L’amour est une chose merveilleuse, vouloir partager les plus beaux moments de sa vie avec la personne que l’on aime est tout à fait compréhensible et logique. Néanmoins, le fait de systématiquement vouloir être ensemble, de ne pas s’accorder de temps seule, de partager trop de chose en oubliant de laisser du mystère, de la surprise va affecter l’attirance de votre moitié ou de celui/celle avec qui vous aimeriez vivre une histoire d’amour. 4/ Vous vous coupez des autres pour lui/elle Souffrir de la dépendance affective, de l’obsession amoureuse, c’est s’oublier et oublier ce qui vous fait plaisir dans la vie. Si vous ne souhaitez pas sortir avec des connaissances ou que vous abandonnez vos passions pour passer tout votre temps libre avec celui ou celle qui vous fait vibrer, il y a un problème d’équilibre que vous devez régler en appliquant les conseils de cet article. Vous avez besoin d’avoir une vie personnelle forte non seulement pour vous épanouir mais également pour montrer que vous n’êtes pas une personne acquise ! 5/ Vous ressentez le besoin de tout contrôler Le fait d’être obsédée par quelqu’un et d’avoir besoin d’être rassurée par ses mots, sa présence ou ses actes implique parfois de vouloir tout contrôler. De ne pas le laisser aller voir le match de foot chez ses amis, de ne pas la laisser aller au restau avec ses copines ou bien de lui envoyer des textos toutes les deux minutes pour avoir une présence constante. Agir de cette manière est également un des symptômes de cette fixette sentimentale. Quelle est la différence entre amour passionnel et amour obsessionnel Beaucoup de personnes ont tendance à être dans le déni et pensent vivre une relation fusionnelle ou passionnelle alors que ce n’est pas tout à fait le cas. Il s’agit en réalité d’une obsession amoureuse car c’est une relation qui fait souffrir. La première étape si on veut avancer est de l’accepter. Cela ne veut pas dire que des changements ne sont pas possibles par la suite mais vous allez devoir ouvrir les yeux. Il faut bien reconnaître que la frontière est mince entre une relation passionnelle et une relation obsessionnelle et il n’est pas simple, quand on est dans cette position de faire cette distinction et de savoir comment agir. Le manque d’objectivité est souvent présent et c’est tout à fait normal, c’est justement mon rôle de vous guider et de vous aider à sortir de cette situation pour trouver un équilibre en amour et donc le bonheur ! Pour le savoir, inutile de taper obsession amoureuse test ! Il n’existe qu’une seule et unique façon de le savoir et pour cela une question va vous aider à faire le point Est-ce que vous êtes heureux ou heureuse, et si c’est le cas, est-ce que votre partenaire est heureux ou heureuse. Si ce n’est pas le cas alors il faut agir pour retrouver cette sérénité si importante parce que cela peut porter préjudice à votre amour. Les dangers d’une obsession sur une personne ! Oui, trop aimer est néfaste… Surtout si vous vous dites que vous êtes amoureuse mais pas lui. L’amour est le sentiment le plus fort et probablement le plus beau que l’on puisse ressentir. Tous vos meilleurs souvenirs sont probablement liés à l’amour. Que ce soit pour sa famille, son/sa partenaire, ses proches. Néanmoins, faire une fixation amoureuse et penser trop aimer » quelqu’un est un véritable danger. Oui, il est dangereux d’être dans cette situation tout simplement parce que l’on s’oublie totalement et que l’on n’est pas dans un couple équilibré. Quand on est célibataire, on s’arrête totalement de vivre et on passe plus de temps à rêver de cette personne ou à la laisser nous contrôler qu’à mettre en place des actions pour se sentir mieux. L’amour maladif c’est accepter d’aimer quelqu’un qui peut ne faire aucun effort pour vous, qui peut rester des jours sans vous donner de nouvelles tandis que vous êtes prête à tout pour cette personne. Quand on est célibataire avoir ce genre d’obsession amoureuse c’est s’empêcher de faire une rencontre qui peut vous correspondre, c’est rester dans une sorte de friendzone qui fait souffrir. Ce n’est pas le type de relation qui peut vous correspondre tout simplement parce que vous souffrez et vous ne trouvez pas un bon équilibre entre vous. A partir du moment où vos sentiments vous empêchent de vivre une relation épanouie et que vous acceptez des choses qui vont contre votre dignité, il est dangereux d’aimer de cette manière tout simplement parce que ce n’est pas de l’amour, c’est très souvent uniquement de la dépendance affective et de la peur d’être seule. Les 5 clés pour sortir d’une obsession amoureuse Sortir d’une obsession amoureuse n’est pas qu’une question de volonté malheureusement. Il faut appliquer des actions fortes au quotidien pour se sentir mieux. Pour cela, je vous propose 5 façons de procéder à appliquer dès aujourd’hui. Avoir une vie sociale et familiale plus forte C’est l’une des clés et des explications de votre situation aujourd’hui. Le fait de ne pas passer de temps avec sa famille, le fait d’agir uniquement en fonction de lui/elle vous coupe de vos proches et vous devez rapidement réagir si vous souhaitez aller de l’avant. Il faut cesser de vouloir passer tout son temps avec cette personne ou bien de se demander si oui ou non il ou elle va accepter que vous sortiez. Vous avez besoin d’être entourée et c’est ainsi que vous allez parvenir à le faire, en passant du temps avec des gens qui vous aiment et qui vous sortent de votre environnement. Trouvez la source de votre obsession sentimentale Une obsession amoureuse, comme je vous l’ai expliqué est avant tout une problématique de confiance en soi, un manque d’estime qui se répercute sur la relation amoureuse et qui vous empêche de trouver un bon équilibre dans votre vie sentimentale. Cependant, ce manque vient bien de quelque part. Que ce soit lié à l’enfance, au physique, à vos relations sociales, il est important de faire cette introspection pour réussir à savoir exactement comment agir et comment travailler sur soi. Le fait d’identifier le problème est une nécessité pour parvenir à trouver une solution adéquate. N’attendez pas d’être au plus bas pour faire ce travail de psychologie obsession amoureuse. Travailler sur les émotions Bien évidemment, le fait d’être obsédé par quelqu’un vous pousse à faire des choses qui vous ressemblent pas du tout et surtout qui vous rendent malheureuxse. Il est donc important de mettre en place des actions fortes mais adaptées à votre situation et c’est pour cela que le coaching est nécessaire. En effet, avec les conseils de professionnels, vous allez changer votre quotidien mais aussi changer la manière dont vous vous comportez avec cet homme ou cette femme. C’est ainsi que vous allez surmonter les obstacles et cesser d’être dans la demande. Instaurer des règles pour une relation épanouie Quand vous êtes en couple et que vous souffrez de cette obsession sentimentale vous avez souvent peur de vous imposer et de mettre en place des actions qui peuvent vous permettre de vous sentir mieux. Vous ne pouvez pas continuer à vous cacher et à ne rien dire à votre partenaire. Il faut d’abord, mettre en place les actions dont j’ai parlé précédemment mais il va falloir également communiquer. Vous devez exiger du respect, si votre conjointe ne vous en donne pas alors à ce moment vous devez mettre de la distance. Il/Elle doit avoir des attentions envers vous autrement vous n’en avez pas envers lui/elle. C’est en réinstallant l’équilibre de manière parfois radicale que vous allez pouvoir avancer. Faites un travail sur vous ! Pour avancer il faut accepter de réaliser un travail sur soi. Si votre point faible provient d’un manque de confiance ou d’une dépendance affective trop marquée, voire des deux, je vous oriente vers mes formations. En effet, afin de vous aider je vous propose une formation pour prendre confiance en soi à découvrir ici et une autre formation pour vaincre la dépendance amoureuse en 21 jours. Dans ces 2 programmes en accès immédiat, vous retrouverez ainsi une analyse, des explications et surtout des exercices pour vous aider à vous sentir mieux. Et si vous souhaitez réaliser un travail personnalisé, je vous oriente vers le coaching personnalisé qui permettra d’atteindre vos objectifs en un temps record. Amicalement Le coach pour gérer son obsession amoureuse Alexandre Cormont
Forumde poèmes, maison de la poésie. l'amitié c’est quoi ? Une terre aux secrets effacés Une épaule des larmes versées. Des éclats de rires enlacés Une douleur à deux apaisée Un élan dans l’étreinte ***** C’est quoi l’amitié ? ***** Elle nous fait défi. Nous fructifie Et nous crucifie Dans la nudité du soufi. En l'absence de toute feinte ***** C’est quoi l’amitié ?   Le sérieux » de l’amour de transfert Merci à Marc Darmon pour son invitation. Elle m’a permis de relire Observations sur l’amour de transfert », un texte que je croyais bien connaître mais qui, comme tous les bons textes lorsqu’on les relit, m’a réservé une petite surprise, et c’est par elle que je vais commencer. Deux points me sont en effet apparus clairement et pour la première fois. D’abord le terme de sérieux », que l’on peut lire par deux fois dès la première page, sérieux qui n’est pas sans faire résonner pour nous la façon dont Lacan le lie à la série, la série des cas pris un par un mais tout aussi bien la longue série que Freud évoque, celle des médecins qu’une patiente qui leur aurait manifesté son amour pourrait être amenée à consulter, s’ils considéraient que son amour de transfert était incompatible avec la poursuite du traitement. Que s’agit-il donc pour Freud de prendre au sérieux. Le transfert ou l’amour ? Les deux, bien que seul le transfert soit un concept analytique comme Lacan le pointera en 1954 il en fera dix ans plus tard l’un des quatre concepts fondamentaux. L’amour donc, que Freud reconnaît comme un amour authentique, véritable, c'est-à-dire indice d’une vérité inconsciente insue. Lacan préfère, de façon plus insistante que Freud, associer à l’amour le comique, le comique du phallus, et réserver l’adjectif véritable à la psychanalyse, ce qui lui fait du même coup dire que plus nous sommes proches de la psychanalyse amusante, plus c’est la véritable psychanalyse » Dans le séminaire qu’il consacre au transfert, il insiste sur l’amour comme métaphore, comme transfert d’un manque de l’un à l’autre, l’aimant étant manquant de quelque chose, d’un avoir, et l’aimé ne sachant pas ce qu’il a, c'est-à-dire manquant d’un savoir sur son être. Mais revenons à Freud. Sont donc à considérer comme sérieux l’amour et le transfert. Les deux sont indissolublement liés puisque cet amour est à considérer non seulement comme un signe du transfert mais aussi comme une résistance au transfert. Cela n’est pas nouveau, Freud l’avait déjà déplié trois ans auparavant, en 1912, dans La dynamique du transfert ». Il y relevait l’apparition inévitable du transfert dans la cure, remarquait qu’il était à la fois l’agent même de l’action thérapeutique et la plus forte des résistances, du fait de sa dualité, de son ambivalence, amour et hostilité s’y côtoyant hainamoration, dira Lacan, sous entendant ainsi la troisième occurrence des passions du moi, l’ignorance. Avec le pacte analytique, note-t-il pp. 190-191 du séminaire I, nous engageons le sujet dans une recherche de la vérité. On constitue ainsi son ignorance, qui n’est pas méconnaissance car la méconnaissance, elle, comporte une certaine organisation d’affirmations et de négations à quoi le sujet est attaché, et que la cure remaniera. Il ajoute plus loin, que les trois registres R,S, I sont impliqués, l’amour se situant à la jonction de S et I, la haine à celle de I et R, l’ignorance à celle de R et S. Ce qui est nouveau, c’est que Freud aborde là la question du maniement du transfert et de la direction de la cure. Mais pourquoi n’y vient-il qu’en 1915, alors qu’il signale d’emblée dans cet écrit que l’étude de l’amour de transfert est depuis longtemps devenue une nécessité vitale pour la technique psychanalytique » ? Vous remarquerez que Lacan, de même, n’abordera le transfert que plus de quinze ans après le début de son enseignement et juste un an après le séminaire sur l’éthique de la psychanalyse. Voilà le deuxième point qui m’a retenue, la date de parution de l’article, 1915, et les 3 ans qui séparent La dynamique du transfert » où Freud traite de la résistance du côté du malade, du patient qu’il met d’ailleurs essentiellement au féminin de l’analysé comme l’appellera Lacan avant qu’il ne devienne, en octobre 1967, le psychanalysant et à partir de 68 l’analysant tout court ; l’âme ou plutôt la différence entre le corps et l’âme, non pertinente pour ce qu’il en est de la psychanalyse, disparaît, en même temps que l’activité passe du côté patient, tandis que du côté analyste se situera l’acte, et l ’article de 1915 où c’est de la résistance du médecin à la psychanalyse qu’il s’agit. Vous aurez sans doute remarqué que dans l’article de 1912, Freud cite discrètement, en notes en bas de pages, Bleuler , président de la section zurichoise et Jung , président de l’IPA, à qui il emprunte les termes d’ambivalence et d’introversion. En 1915, si la reculade de Breuer devant l’amour de transfert d’Anna O. est évoquée rapidement mais explicitement, la référence à Jung, très présente, reste absolument implicite. Pourquoi donc Freud a-t-il décidé de faire fi de la discrétion médicale à laquelle, nous dit-il, il s’était jusqu’alors tenu ? Parce qu’il a déjà rompu le silence un an plus tôt, dans sa Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique », qu’il n’a pu faire paraître qu’en juin 1914, une fois résolues les crises auxquelles a dû faire face la toute jeune IPA. Crises résolues par deux défections majeures et douloureuses » reconnaît-il, celle d’Adler, président de la section viennoise, en 1911 l’IPA n’a alors qu’un an d’existence, et celle de Jung, son premier président, réélu en 1913 et qui vient de démissionner de la présidence le 20 avril 1914. En juillet 1914, soit un mois après la parution de l’article que Freud qualifie lui-même de bombe », Jung démissionne de l’IPA, bientôt suivi par toute la section zurichoise. Dans Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique » en effet, Freud démontre que ni les théories d’Adler, ni celles de Jung ne relèvent de la psychanalyse. Exit les socialistes Adler et les religieux Jung, Pfister et les Zurichois. La psychanalyse n’est ni un mouvement politique, ni un mouvement mystico-religieux. Après donc qu’il ait à nouveau défini ce qu’est la psychanalyse et ce qu’elle n’est pas, Freud s’attaque à définir qui est psychanalyste et qui ne l’est pas. Est psychanalyste, nous dit-il, celui qui ne recule ni ne cède devant l’amour de transfert. C’est donc d’une question éminemment sérieuse, clinique, éthique et politique, que traite l’article de 1915, celle du maniement du transfert par celui qui se réclame de la psychanalyse, et donc celle de la position du psychanalyste dans la cure , question qui laisse poindre celle qui se posera peu après, celle de sa formation l’institut de Berlin verra le jour en 1920, celui de Vienne en 1924,deux questions elles aussi liées, comme l’amour et le transfert, et qui n’ont cessé d’être au cœur des scissions qui ont émaillé depuis qu’il existe l’histoire du mouvement analytique. J’ai évoqué les débuts de l’IPA mais nous avons tous ici présentes à l’esprit, parce que nous les avons vécues de plus ou moins près, les scissions du mouvement lacanien avant et après la mort de Lacan. Amour tout aussi bien que haine transférentielles, deux versants de la même chose, de ce devenir du transfert chez ceux qui passent du divan au fauteuil et qui se regroupent en associations ou en écoles de psychanalyse. Le séminaire de l’école à laquelle j’appartiens, l’EPFCL, tourne cette année autour de la question de ce qu’est un analysant, autre façon de se demander ce qui définit la psychanalyse et le psychanalyste. Freud en 1915 définit le psychanalyste comme un médecin qui traite une malade. Ce n’est qu’en 1926 et pour défendre ces disciples non médecins accusés d’exercice illégal de la médecine qu’il différenciera le traitement analytique, qui consiste en un échange de paroles, talking cure, du traitement médical. Au commencement de l’expérience analytique… fut l’amour », rappelle Lacan en ouverture du séminaire VIII, un commencement non de création mais de formation », posant d’entrée de jeu, le 16 novembre 1961, la question de la formation de l’analyste il rajoutera en 1967 par la grâce du psychanalysant », et si Breuer prit la fuite devant Eros surgi du transfert, Freud au contraire décida de le servir pour s’en servir » et inventa ainsi la psychanalyse. En choisissant de faire écho au prologue de l’Evangile selon Saint Jean, Lacan indique combien l’amour qui nait du transfert que la talking cure suscite, a partie liée avec le grand Autre, trésor des signifiants. Le transfert, c’est tout simplement l’acte de parole, nous dit-il S I La relation entre le malade et le patient n’est pas seulement, comme le souligne Freud, foncièrement dysymétrique. Lacan va plus loin en critiquant l’intersubjectivité et en précisant que cette pseudo-relation, comme il préfère l’appeler, n’est pas une relation entre sujets mais entre un sujet et un Autre, sujet supposé savoir ou faisant fonction d’objet. Mais revenons à Freud. Il rappelle au psychanalyste qu’il ne doit jamais oublier que l’amour que son patient lui manifeste ne s’adresse pas à sa personne, mais à une autre, qu’il ne fait, pour reprendre la lecture qu’en fait Lacan, qu’actualiser par sa présence Il se doit donc de faire preuve d’une abstinence totale, pas seulement physique ». Ce pas seulement physique » vaut d’être commenté car il implique aussi qu’il s’abstienne de tout affect déplacé tendresse, aversion, admiration et de tout jugement moral qui ne pourraient que nuire au traitement. Triple abstinence donc qui n’empêche en rien l’accueil de la souffrance et des associations libres, voilà ce qu’implique la fameuse neutralité bienveillante. Neutralité avec laquelle le jeune et fougueux Jung a bien du mal et il confie à Freud ses difficultés, ses embarras, devant les jeunes et jolies hystériques dont il s’occupe au Burghözli , mais pas seulement. Il y a aussi et surtout la séduction qu’exerce sur lui ce jeune psychiatre prometteur » selon les termes de Freud mais toxicomane que Freud lui a adressé pour sevrage, Otto Gross. Jung va se consacrer entièrement à lui. J’ai tout laissé en plan et j’ai employé tout le temps disponible, le jour et la nuit, pour Gross, pour faire avancer au possible son analyse…Où je n’avançais plus, c’est lui qui m’a analysé… » écrit-il à Freud le 25 mai 1908 l’analyse mutuelle existe ainsi déjà, avant même que Ferenczi ne l’ait conceptualisée!. Freud lui répond le 29 mai Gross est un homme si précieux et une tête si bien faite que votre travail a la valeur d’un service rendu à la communauté ». Cependant, le 19 juin, Jung insiste …L’affaire Gross m’a consumé….cet événement est l’un des plus graves de ma vie, car en Gross j’ai fait l’expérience de trop de côtés de ma propre nature, de sorte qu’il m’est apparu comme mon frère jumeau, dementia praecox en moins. Cela est tragique ». Jung, fasciné par Gross et ses thèses libertaires il conçoit en effet la levée du refoulement comme une libération de la répression sur la sexualité et prône une liberté sexuelle sans limites, pour le patient comme pour médecin, se laissera séduire par Sabina Spielrein puis par d’autres le film de David Cronenberg, A dangerous method, en rend compte avec justesse. Il laisse libre cours à ce qu’il nomme ses composantes polygames » lettre de J. à F., 7 mars 1909 et pose la relation malade-médecin comme réciproque. De même que le médecin aide le malade, de même le malade est l’onguent qui convient au point faible du médecin ». Ainsi, dès 1908, Jung fait part à Freud de sa fragilité mais Freud le rassure, avant de l’exécuter. Il vous faut lire ou relire la passionnante correspondance entre les deux hommes, dont je viens de vous donner un petit aperçu, complétée par les entretiens de Jung avec Aniéla Jaffé publiés à sa demande après sa mort sous le titre Ma vie. La violence que Freud manifeste à l’égard de celui dont il s’est entiché en 1907 et qu’il a institué son héritier alors qu’il n’en demandait pas tant, n’est explicable que par l’ampleur de son désenchantement, net dès 1911 et qui ne va aller que croissant. Freud a été aveuglé par ce qu’il faut bien appeler son amour de transfert, il a vu en Jung bien autre chose que ce que Jung était. Leur rupture, très féconde pour Freud, plonge Jung, dès 1912, et pour dix ans, dans une véritable descente aux enfers qu’il appelle ses confrontations avec l’inconscient » et qu’il diagnostique dépression psychotique profonde ». Poursuivons la lecture de l’article de 1915 1- Le psychanalyste doit être triplement abstinent. 2- Le désir du malade est une force motrice qui favorise le travail analytique et le changement. Le malade est donc non seulement un amoureux mais un travailleur c’est même l’inconscient plus que le malade qui est au travail. 3- Il convient de maintenir le transfert tout en le traitant comme quelque chose d’irréel » et d’extraire de la situation son contenu analytique ». Autrement dit amener le malade à trouver les fondements infantiles de son amour. Ce qui lui permettra la levée d’une fixation à un scénario répétitif et vain et de pouvoir enfin aimer à nouveau. En résumé et en termes freudiens Le médecin doit savoir que c’est la situation analytique qui provoque cet amour, que la résistance l’intensifie encore, et que cet amour ne s’adresse pas à lui comme personne. La situation analytique est une relation non réciproque, asymétrique. Que se passe-t-il quand l’analyste ne respecte pas la règle d’abstinence, de neutralité, d’apathie au sens d’absence de pathos comme Lacan l’appelle dans le Séminaire VIII, en référence aux Stoïciens ? Une double perdition. L’affaire Jung-Gross en est un parfait exemple. Prenons-en un autre, moins ancien, fictionnel mais néanmoins démonstratif, qui a fait le succès d’un roman paru il y a quelques années. Son auteur, psychanalyste, a tenté d’imaginer ce qu’aurait été la quatrième et dernière analyse de Marilyn Monroe, son analyse hollywoodienne. Ralph Greenson, l’analyste de la star, véritable héros shakespearien, se retrouve prisonnier d’une cure qu’il s’imaginait mener. Confronté à la résistance de son analysante, à son refus de la règle fondamentale de libre association, l’analyste chevronné décide d’innover. Il se met en tête d’être le sauveur de la petite fille triste qu’il a perçu derrière la jeune femme déjà un peu morte qui lui a été adressée, en lui offrant ce qu’elle n’a jamais eu, une famille, la sienne, et l’amour d’un père, lui-même. Aveuglé par l’amour de transfert, il s’égare et plonge tête baissée dans l’amour de contre-transfert, l’amour réparateur. La résistance à l’analyse est là de son côté Et c’est au moment où il s’attend à un progrès, à une amélioration, car son analysante commence enfin, même si c’est d’une façon fort curieuse par le biais d’un magnétophone et dans le secret de sa chambre, hors de la présence de l’analyste donc, à associer librement, à trouver les mots qui jusqu’alors lui faisaient défaut, que se produit la catastrophe. Ils voudraient, avec leur passion dégagée de tout lien social, tenir à merci le médecin », signale Freud en fin d’article. Comment ce dernier, s’il est psychanalyste, s’en débrouille-t-il ? En laissant son moi de côté, à la porte de son cabinet. Est analyste celui qui ne se pose plus la question de son identité et qui se tient à la bonne place, celle de l’agent de l’opération analytique. Le désir particulier qui l’anime et qui sous-tend son acte lui permet de répondre à la demande d’amour qui lui est adressée en ne la satisfaisant pas et ainsi de faire naître du côté analysant un désir autre. Non plus un désir d’être aimé mais un désir de savoir. L’analysant pourra alors sortir de sa complainte, s’atteler à sa tâche. Travail d’élaboration, de perlaboration, de remémoration en termes freudiens. Travail d’historisation 1954 puis d’hystorisation 1976 en termes lacaniens. Le désir de l’analyste et le désir de savoir de l’analysant, l’un à l’autre articulés, le premier faisant naître puis aiguillonnant le second, rendent possible la sortie des impasses et des pièges de l’amour de transfert. Derrière l’amour dit de transfert, nous pouvons dire que ce qu’il y a, c’est l’affirmation du lien du désir de l’analyste au désir du patient », précise Lacan dans Les quatre concepts N’allez pas croire que cela soit facile. Je me souviendrai toujours de cet homme, plus tout jeune mais portant beau, reçu au début de ma pratique. Le symptôme invalidant qui l’avait conduit jusqu’à moi disparut comme par enchantement après notre première rencontre. Il ne put attendre la suivante et le fit savoir par écrit à la magicienne que j’étais devenue. Sa lettre, fort bel objet par ailleurs beau papier, beau timbre, belle écriture, était une lettre d’amour. D’autres suivirent. J’interprétais l’intensité de son transfert en le rapprochant du double deuil récent qu’il avait évoqué comme cause possible de son symptôme, la perte des deux seules compagnes qui l’aient, selon lui, jamais aimé inconditionnellement, sa mère et sa chienne. Sa plume s’enflamma de plus belle. Mon embarras allait croissant et j’en fis part à mon analyste qui intervint en me faisant remarquer d’un ton sec que nous n’étions pas là pour ça ! Cela me remit à ma place, ces lettres ne troublaient en effet que la femme en moi. Je cessais de les ouvrir et donc de les lire, la cure put enfin commencer. C’est bien plus tard que j’ai rencontré celle qui se présentait à moi comme une amoureuse déçue. Tout individu auquel la réalité n’apporte pas la satisfaction entière de son besoin d’amour se tourne inévitablement, avec un certain espoir libidinal, vers tout nouveau personnage qui entre dans sa vie… », écrit Freud dans La dynamique du transfert ». Et ce nouveau personnage allait être moi. Moi qui succédait à la série des analystes pas à la hauteur », trop ceci ou pas assez cela, qu’elle avait rencontrés précédemment en même temps que se succédaient les amours toujours décevantes. Le transfert amoureux, d’abord appui, permit qu’elle historise ce qu’elle considérait comme son parcours du combattant. Mais il devint très vite obstacle. Mes interventions, mes silences, mes retards, la durée des séances, mes départs en vacances, tout devint prétexte à récriminations. Elle m’adressait de plus des communications téléphoniques itératives, franchement persécutives, souvent sous l’emprise de l’alcool. Cela cessa brutalement le jour où, lui ayant demandé ce qu’elle avait donc bu la veille, je répétai malgré moi et à ma façon le nom de son cocktail préféré. Scansion non délibérée de ma part dont elle s’empara aussitôt et qu’elle considéra comme une interprétation. Injection par moi d’un signifiant nouveau qui lui permit pour la première fois de se mettre au travail associatif et de ce fait de me déplacer dans l’axe du transfert. Non plus petit autre dans la série de celles et ceux qu’elle avait aimés sans retour, mais grand Autre en relation avec à un savoir, analyste enfin à la hauteur, à qui dédier le fruit de ses élaborations. Je pus ainsi et par sa grâce » non seulement échapper à la persécution de son érotomanie transférentielle mais lui permettre de se mettre à la tache analysante », venant ainsi confirmer, en un certain sens, la définition de Freud de la cure analytique comme paranoïa dirigée. A ceci près que, compte tenu de sa structure, c’est elle qui en assumait la direction, ce que je me suis bien gardée de contrer. Je m’arrêterai là. J’aurais pu développer la question de l’amour dans le séminaire X, m’interroger sur ce que Lacan, plus tardivement, en 1973 dans sa lettre aux Italiens, entend par faire l’amour plus digne que le foisonnement de bavardage, qu’il constitue à ce jour ». Et sur le lien entre cet agalma, objet caché mais encore porteur d’un certain brillant phallique, qui n’apparait que dans le séminaire X, et l’objet déchet, l’objet rebut qu’incarne l’analyste en fin de cure. Mais cela m’ aurait éloignée du thème de ces journées. Je vous remercie de votre attention, Colette Sepel . 400 383 77 239 91 453 583 123

c est quoi l amour en psychanalyse